Des jeunes haïtiens se livrent à travers « Une Lettre à Moi-même »

Written on 11/05/2025
LA RÉDACTION

L’organisation Eventure Management a tenu, le dimanche 2 novembre, à l’hôtel Montana, la première édition de son projet d’écriture « Une Lettre à Moi-même », une initiative centrée sur le thème « Un moment d’introspection et de partage d’émotions ». Cette rencontre entendait offrir un espace de parole et de réflexion personnelle à travers l’écriture, envisagée ici comme une démarche à la fois thérapeutique et libératrice.

Constatant la dégradation de la santé mentale des jeunes haïtiens, particulièrement ceux vivant à Port-au-Prince, l’association a voulu créer un cadre d’expression et d’écoute pour ceux et celles en quête de soutien psychologique. Selon Carry Derice, responsable au sein de l’organisation, la situation demeure préoccupante.

« Durant le déroulement de l’activité, il y avait beaucoup de jeunes qui affichaient un sentiment de détresse. Nous savons que les choses sont très difficiles dans le pays en ce moment. C’est pour cela que nous avons décidé de réunir quelques jeunes qui souffrent mentalement afin de leur donner un support psychologique », indique-t-il.

Afin d’assurer le bon déroulement de la rencontre, plusieurs professionnels ont été mobilisés pour accompagner les participants. Parmi eux figuraient la psychologue clinicienne Johanne Landrin et l’étudiant en lettres modernes à l’Université d’État d’Haïti, Saint Pierre John Stanley. Dans son intervention, ce dernier a attiré l’attention sur la place du bien-être mental et la possibilité de le retrouver par la méditation, notamment en période de crise.

« La méditation, c’est une pratique ancestrale qui permet de trouver la paix intérieure, il n’y a pas vraiment un prérequis pour y débuter. Cependant, il y a des critères à respecter avant d’entamer le processus. Selon les études, il existe cinq critères fondamentaux à respecter : l’objectif, une posture dans laquelle vous vous sentez à l’aise, avoir une respiration régulière, contrôler la fluidité de vos pensées et la durée du processus, elle dépend du pratiquant », affirme-t-il.

Pour certains participants, cette activité a été une expérience de confrontation avec soi-même. Neyssa Florial, 24 ans, estime que cette rencontre va au-delà du simple partage d’émotions.

« L’expérience était vraiment intéressante, j’avais trouvé des accompagnateurs qui étaient à la hauteur de mes attentes, et ils m’ont appris beaucoup de choses que je ne savais pas avant ma participation », confie-t-elle.

Émue aux larmes en rédigeant sa lettre, la jeune femme a confié avoir traversé des moments difficiles qui freinent son épanouissement, sans jamais avoir trouvé d’espace où en parler.

« En ce moment, je suis en train de vivre des tas de choses qui sont vraiment dérangeantes, et je n’ai jamais pu trouver une occasion pour aborder ces sujets encore moins une personne […]. Et cette activité, c’était l’ultime occasion pour dégager ma frustration en adressant une lettre à moi-même », conclut-elle.

À travers cette première édition, “Une Lettre à Moi-même” s’impose comme un espace de parole et d’introspection où l’écriture devient un moyen d’expression face au poids du silence et des épreuves vécues par la jeunesse haïtienne.

Par Youbens Cupidon © Chokarella