Les 5 et 6 juillet 2025, plus de 3 500 personnes ont pris part à la toute première édition de HAIFEX (Haïti Femme Expo), organisée au Centre de Convention de l’hôtel El Rancho, à Pétion-Ville. Pensé comme un espace de visibilité, de formation et de réseautage pour les femmes entrepreneures, cet événement inédit a marqué un tournant dans la manière dont l’entrepreneuriat féminin est perçu et soutenu en Haïti.
Au cœur de cette dynamique, trois jeunes femmes ont particulièrement retenu l’attention : Laure Mendie Bottex, Marie Changlais Aimé et Naichka Leonard. Toutes trois ont été désignées lauréates du concours de pitch organisé dans le cadre du salon. Elles ont chacune remporté un prix d’un million de gourdes, accompagné d’un soutien personnalisé sur plusieurs mois.
L’événement a été mis en place par la firme EGM Strategy & Management, avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et de plusieurs institutions haïtiennes, dont les ministères du Commerce et de l’Économie. HAIFEX s’est fixé pour mission de positionner l’entrepreneuriat féminin comme moteur d’un développement plus inclusif et durable en Haïti. Pour Emmanuel Grégory Morissette, initiateur du projet, il s’agissait de combler un vide manifeste :
« Les femmes sont des travailleuses, créatrices de valeur et de richesse. Pourtant, elles sont sous-représentées dans le secteur formel. Parmi les 100 plus grands contribuables du pays, elles représentent moins de 10 %. Il faut changer cette dynamique. » Selon lui, ce changement passe nécessairement par des mesures structurantes et des politiques nationales coordonnées : « Gen anpil talan nan mitan medam yo; fòk pouvwa piblik yo mete de estrikti anplas, mete de strateji anplas, mete de mekanis finansman pou pèmèt medam yo devlope. », a-t-il confié au micro de Chokarella.
Le programme de HAIFEX 2025 a été élaboré pour valoriser l’innovation portée par les femmes. Près de 75 exposantes, issues de secteurs aussi variés que l’agrotransformation, la finance, la mode, les technologies, l’économie, le bien-être, le droit, la gastronomie, l’éducation, le tourisme et les industries créatives, ont présenté leurs produits et services dans des stands soigneusement aménagés. Une exposition qui a permis aux visiteurs de mesurer la diversité et le dynamisme des initiatives entrepreneuriales féminines à travers le pays.
En parallèle, une série de panels de discussion et de masterclass ont été organisés sur la scène centrale. Plusieurs personnalités se sont succédé, dont Mona Lisa Dunbard, représentante du ministère du Commerce, et Xavier Michon, du PNUD. Tous deux ont insisté sur la nécessité de créer des conditions réelles et durables pour favoriser la croissance des entreprises dirigées par des femmes.
Les thématiques abordées lors de ces échanges ont couvert l’accès au financement, l’intégration des technologies émergentes telles que l’intelligence artificielle dans les petites entreprises, la mise en place de plans d’affaires solides ou encore les défis liés à la formalisation des structures. Des masterclass pratiques ont également été proposées à des dizaines de participantes, leur fournissant des outils concrets pour structurer et professionnaliser leurs projets. Par ailleurs, le salon s’est distingué par des activités interactives et culturelles, comme des démonstrations culinaires, des présentations de produits innovants et un défilé de mode. Ce dernier, dirigé par la créatrice Christelle Dominique (Mejeanne Couture), a mis en lumière les créations de sept designers haïtiens. La styliste italo-haïtienne Stella Jean, reconnue pour son engagement social à travers la mode, était également présente.
Autre temps fort de l’événement, le concours de pitch a mobilisé 175 entrepreneures venues de tout le pays. Quinze finalistes ont été retenues et accompagnées dans leur préparation grâce à un atelier intensif de formation au pitch organisé le 1er juillet. Le jury, composé de spécialistes du développement économique, d’investisseuses, de représentantes d’incubateurs et d’institutions partenaires, a départagé les candidates selon des critères tels que la viabilité économique des projets, leur caractère innovant et leur impact social. Les trois lauréates, issues des secteurs des industries de transformation, créatives et numériques, ont vu leur projet soutenu à la fois financièrement et stratégiquement.
Au terme de cette première édition, Emmanuel Grégory Morissette a annoncé la tenue d’une deuxième édition du salon, prévue pour juillet 2026. Une décision qui, selon lui, s’inscrit dans la volonté de pérenniser HAIFEX et de continuer à consolider un écosystème capable de soutenir durablement les ambitions féminines dans l’univers entrepreneurial haïtien. « Randevou kase pou ane pwochèn, jiyè 2026 pou dezyèm edisyon », a-t-il déclaré.
Par Ann-Olguetty Loodjenny Dieuve© Chokarella