Le Youth Empowerment Organization (YEO) organise cette année la quatrième édition du Youth Haitian Empowerment Exchange Program (YHEEP), avec un format inédit et régionalisé. Du 17 au 23 août 2025, une première cohorte de jeunes issus du Grand Sud et de l’Ouest sera accueillie à Jérémie, au Sarah Hôtel. Du 24 au 31 août, les participants du Grand Nord et de l’Ouest se retrouveront quant à eux au Cap-Haïtien, à l’Hôtel Beck. Le programme est placé sous le thème : « Démocratie, plaidoyer et droits humains : outiller une nouvelle génération d’acteurs de changement ».
Pour les organisateurs, il s’agit de placer la jeunesse au centre de la réflexion sur l’avenir institutionnel et citoyen du pays. « Nous croyons fermement que la jeunesse doit non seulement comprendre ses droits, mais aussi se doter des outils nécessaires pour influencer les politiques publiques de manière constructive », explique Love-Kendy Jourdan, co-fondateur et coordonnateur général du YEO.
Le programme combine apprentissages théoriques et exercices pratiques. Sélectionnés parmi plus de 150 candidatures, les 24 jeunes participants suivront pendant une semaine des formations sur les droits humains, le leadership inclusif, l’égalité de genre, la gouvernance locale et le développement communautaire. Des ateliers de conception de projets, de rédaction de policy briefs et de techniques de débat viendront compléter ces modules.
Des visites institutionnelles figurent également au programme, dont une à l’Office de la Protection du Citoyen (OPC). L’objectif est de confronter les connaissances acquises à la réalité du terrain. « Chaque participant sera amené à préparer un plaidoyer sur une problématique concrète vécue dans sa communauté : accès à l’éducation, violence basée sur le genre, insécurité alimentaire ou encore corruption. C’est une façon d’ancrer le savoir dans l’action », précise Jourdan.
Débats citoyens et plaidoyers
Un tournoi de débats constituera l’un des moments forts de l’édition 2025. Cet exercice vise à former les jeunes à l’analyse de sujets complexes et à la construction d’arguments structurés. Trois questions principales seront débattues:
- Les programmes migratoires humanitaires devraient-ils être interdits s’ils entraînent le déplacement massif de communautés sans compensation ?
- Les jeunes devraient-ils avoir un droit consultatif obligatoire dans l’élaboration des politiques publiques ?
- L’État haïtien devrait-il accorder le droit de vote aux Haïtiens vivant à l’étranger ?
Au-delà des formations, les organisateurs attendent des participants qu’ils développent des projets locaux, tels que des clubs de débat dans les établissements scolaires, des campagnes de sensibilisation, des plaidoyers municipaux ou encore des initiatives en faveur de l’égalité de genre et de la cohésion sociale. « Nous voulons que ces jeunes deviennent des pivots de transformation, capables de mobiliser d’autres autour de valeurs démocratiques et de résistance pacifique à la violence », ajoute le coordonnateur.
e
Le programme est porté par une équipe composée de Love-Kendy Jourdan (coordonnateur général), Berlensky Léger (vice-coordonnateur) et Pouchenie Blanc (directrice exécutive). Leur objectif affiché est de promouvoir un leadership citoyen et inclusif, et de renforcer les liens entre jeunes et institutions.
Chaque session s’achèvera par un gala marqué par la remise de certificats, de prix de débats et de distinctions spéciales. Cette cérémonie, selon les organisateurs, viendra souligner l’engagement d’une génération qui entend faire entendre sa voix. « Nous voulons montrer que la jeunesse haïtienne n’est pas spectatrice mais actrice. Elle est porteuse de solutions, capable de transformer ses frustrations en actions concrètes pour bâtir une société plus juste et inclusive », conclut Jourdan.
Par Ann-Olguetty Loodjenny Dieuve© Chokarella